Florian Fargeau est, actuellement, à la tête du domaine Blondelet-Fargeau avec sa femme, à Pouilly-sur-Loire. Mais contrairement à la plupart de ses confrères et consœurs, il n’est pas tombé dans la marmite tout petit. Même s’il est fils d’agriculteur et neveu d’un vigneron de Bué, c’est vers l’armée qu’il s’est dirigé dans un premier temps. « Pendant cinq ans, j’étais militaire dans l’armée de terre », présente le vigneron. « À la fin de ce service, j’ai rencontré ma femme et je me suis posé la question de mon avenir. » Ce qui était clair pour lui, ce ne sera plus la légion dans l’armée (génie). Il se met à chercher du travail. « J’étais spécialisé en mécanique », précise-t-il.

Une opportunité se présente pour remplacer, sur le domaine de son beau-père, Bruno Blondelet, « un ouvrier qui était en arrêt maladie », se remémore-t-il. « J’ai pu voir le travail de la vigne et cela m’a bien plu. » Florian Fargeau décide de se lancer dans la viticulture mais pas sans connaissance. C’est ainsi, que pendant deux ans, de 2010 à 2012, il reprend ses études et part étudier à Beaune. « C’était important pour pouvoir m’installer », ajoute-t-il. Pendant cette période, il effectue des stages au domaine de Michel Redde et fils.
Puis en janvier 2013, le père de famille commence à collaborer avec son beau-père. Cette collaboration durera jusqu’en 2019, date à laquelle Bruno Blondelet prend sa retraite. « Ma femme est fille unique. Elle évoluait dans le milieu médical. Elle était un peu effrayée par le travail de la cave et de la vigne. Je lui ai dit que j’allais me charger de ces tâches et qu’elle pourrait se consacrer à la comptabilité, la communication. » C’est ainsi que son épouse, formée par sa mère, l’a rejoint à la tête de l’exploitation viticole peu de temps après son installation. Le couple a voulu garder la dénomination Blondelet, qu’il a accolée au sien, afin de continuer à perpétuer la tradition familiale et à profiter de la notoriété. Car Bruno Blondelet, dont le père exploitait de la vigne, s’était installé au Bouchot à Pouilly-sur-Loire
après avoir racheté la cave d’un ancien vigneron. Là, il construit une cave attenante à la fin des années 1980, début des années 1990. Toujours au même endroit, son gendre a apporté sa touche en réaménagement dans le sous-sol un espace pour l’embouteillage et le conditionnement afin d’optimiser la place dans la cave, qui accueille désormais que des cuves en inox et des fûts de chêne. « C’est plus facile pour travailler », justifie-t-il. À son arrivée, en 2013, le domaine comptait 13 ha alors qu’aujourd’hui la superficie avoisine les 18 ha. « Nous avons des parcelles en propriété, d’autres en fermage et des terrains à planter. » Principalement en pouilly-fumé. Seuls 50 a sont consacrés au pouilly-sur-Loire. « Une parcelle qui a toujours été dans la famille. On garde la parcelle car elle est historique et que nos clients nous en demandent. »
Cela permet aussi d’avoir une gamme supplémentaire. Cinq cuvées sont commercialisées par le domaine Blondelet-Fargeau dont la Charmante qui a la particularité de faire l’objet d’une macération pelliculaire. « Le jus macère avec la peau dans le pressoir pendant 24 h à 26 h 36 h pour faire ressortir le côté minéral », présente le vigneron, qui a dédié une cuvée à son fils aîné Noah, en faisant un jeu de mot avec son prénom et la couleur des douelles (les lames en bois) qui composent le fût lorsqu’elles sont chauffées, la Noah’R et blanc. « Mon fils est né en 2010 et elle est sortie en 2017. » Alors les deux autres enfants de Florian Fargeau et son épouse, nés en 2021 et 2024, vont devoir attendre un peu avant d’avoir le même privilège que leur grand frère. « Je verrai en fonction des méthodes de vinification ou des parcelles », justifie le vigneron, qui possède tous les types de sol sauf le silex. « La typicité d’un sol pourrait me donner envie de créer une cuvée supplémentaire. J’y pense. » La cuvée la plus vendue est celle qui est le fruit d’un assemblage. Il s’en écoule plus de 130.000 bouteilles par an. « Les brasseurs et les restaurants sont les principaux clients. Le goût du vin est lissé tout au long de l’année ce qui n’est pas le cas avec des cuvées parcellaires. »
La grande distribution vend également ses bouteilles. « 95 % à 97 % des ventes sont réalisées en France », indique le viticulteur, qui est un fidèle de la Foire internationale des arts actuels dans les chais (Fiacc) à Pouilly.
« Mon beau-père avait fait beaucoup de salons pour se faire connaître comme il avait plus d’hectares
que son père. Il a fait en sorte de pouvoir commercialiser ses vins car depuis le passage de l’autoroute, les touristes ne s’arrêtaient plus. » Les exportations représentent entre 3 % à 5 % du chiffre d’affaires. L’Angleterre, la Belgique, l’Italie, la Hollande ont sur leurs tables des vins du domaine Blondelet-Fargeau. Et toute la production est écoulée en bouteilles. Une méthode de commercialisation qui a été lancée par le grand-père.
La grande majorité des vignes sont situées à proximité du Bouchot. Un seul îlot isolé se trouve du côté de Boisgibault. « C’est un avantage mais aussi un désavantage », indique le vigneron, qui est satisfait des vendanges. « Il y a eu moins de quantités que l’an dernier mais avec de la qualité. » Le jeune homme, qui peut compter sur le concours de quatre employés, a vu son domaine certifié HVE3. « Je ne suis pas bio pour avoir la liberté de faire ce je veux mais ça s’y apparente beaucoup. Je limite les intrants. Je fais au plus juste, quand il y a besoin. » Florian Fargeau s’épanouit dans son métier qui est « très diversifié. Je suis à la cave, aux vignes, à la commercialisation. Chaque jour est différent. »